Le CBD, un ingrédient hype dans la restauration
Après avoir fait le bonheur des parapharmacies et des magasins spécialisés dans les produits de bien-être, le CBD fait une entrée remarquée dans le monde de la Restauration Hors Domicile (RHD). Chronique de la réhabilitation d’une molécule controversée !
En France, le CBD compte plus de 7 millions de consommateurs
En France, le cannabidiol, ou CBD, s’impose en vedette incontestée auprès des aficionados des produits de bien-être et de relaxation. Cette molécule non psychotrope et non addictive extraite du chanvre cultivé compte plus de 7 millions de consommateurs dans l’Hexagone selon les chiffres de l’Interprofession du chanvre française (Interchanvre) relayés par le média LSA Conso. C’est un peu plus de 10 % de la population française (contre 16 % en Europe).
Le cannabidiol peut être acheté dans l’un des 2 000 magasins spécialisées (contre 400 il y a à peine 2 ans), auprès d’un Shop CBD en ligne qui livre à domicile mais aussi et surtout en grande surface. En effet, Monoprix a lancé des « espaces CBD » dans 250 magasins urbains à la faveur d’une grande campagne de communication. L’enseigne a même fait circuler un « CBD Truck » à Paris pour faire de la pédagogie et lever les idées reçues sur cette molécule qui a longtemps souffert de son affiliation au cannabis.
De son côté, Carrefour a noué des partenariats avec des marques de CBD françaises pour alimenter ses rayons « parapharmacie » et « beauté ». C’est donc tout naturellement que les professionnels de la Restauration Hors Domicile (RHD) se sont appropriés ce « super-ingrédient » !
Le CBD, nouvelle coqueluche des restaurants branchés
Le secteur de la Restauration Hors Domicile entame sa reconstruction au terme de deux années chaotiques. Dans un contexte intensément concurrentiel, les professionnels rivalisent d’ingéniosité pour tirer leur épingle du jeu, se démarquer de la concurrence et se doter d’un avantage compétitif. Certains ont choisi de surfer sur la vague « bien-être » et « super-food » qui ne faiblit pas.
Connu pour ses propriétés antalgiques, anti-inflammatoires et relaxantes, le cannabidiol coche toutes les bonnes cases ! Et son goût très végétal s’inscrit parfaitement dans la recherche de saveurs authentiques et organiques. Enfin, et dans la mesure où la France accapare près de 60 % de la production européenne de chanvre cultivé, matière première dont est extrait le CBD, la molécule n’est pas importée du bout du monde et conserve un bilan carbone intéressant… ce qui n’est pas le cas de tous les ingrédients que l’on utilise derrière les fourneaux.
Commençons notre petit périple dans la capitale, où le cannabidiol s’est largement banalisé dans les menus des restaurants branchés. Pokawa propose par exemple des assaisonnements au cannabidiol pour relever ses salades composées et ses Poke Bowls. Egg Factory propose une mayonnaise signature au cannabidiol pour agrémenter ses burgers gourmands, le bar Rehab s’est recentré sur les cocktails au CBD et la boisson Hollyweed de Wild & The Moon fait des émules. De son côté, le spécialiste de la livraison de plats frais FoodChéri multiplie les formules 100 % CBD en édition limitée avec un certain succès.
La déferlante CBD ne se limite pas à Paris. A Clermont-Ferrand, la pizzeria Maestro propose une pizza au CBD. A Poitiers, les plus gourmands peuvent commander un burger artisanal à l’huile de CBD dans la Cuisine de Comptoir. A Marseille, c’est Happy’s Kitchen qui attire les amateurs de la molécule avec des plats au CBD nommés en référence aux séries Narcos, Breaking Bad et Family Business.
Le CBD, légal jusqu’à nouvel ordre
En dépit des chiffres dithyrambiques du marché du CBD qui a encore généré quelque 300 millions d’euros en 2021, les professionnels craignent une décision défavorable de la part du gouvernement.
En effet, un arrêté ministériel daté du 31 décembre 2021 avait tout simplement interdit la commercialisation des feuilles et fleurs de CBD brut. Saisi par les acteurs de la filière, le Conseil d’Etat a temporairement suspendu cette interdiction jugée « injustifiée » et « disproportionnée » par le Juge des Référés. Une décision définitive est attendue pour la fin de l’année. Malgré l’incertitude, les signaux restent au vert. En effet, le Comité Scientifique de l’Organisation Mondiale de la Santé a expliqué dans un communiqué que le CBD « ne présente pas de potentiel d’abus et n’est pas nocif pour la santé ». Rappelons que seuls les produits de CBD qui contiennent moins de 0,3 % de THC peuvent être librement commercialisés dans l’Hexagone.